Le diamant, toute une histoire

A des centaines de kilometres de profondeur, du carbone qui se trouve dans les profondeurs de la terre depuis sa formation a subi une combinaison d'événements, il y a plusieurs millions d'années qui ont transformé ces atomes de carbone en la pierre la plus précieuse ...  Le diamant.

Sous l'effet d'une chaleur intense etde pressions extremes, ces simples atomes de carbone vont se cristalliser et remonter à la surface de la terre lors d'éruptions volcaniques.

Sans ces phénomenes géologiques, ces atomes de carbone ne seraient probablement devenus que du charbon.

L'HISTOIRE DU DIAMANT "LE REGENT" PAR Ania Guini - Skliar - Historienne d'Art

Histoires de diamants

Le diamant a une histoire, romanesque et passionnante, faite de mystères et d’aventures. Sa découverte, son extraction et sa place dans la bijouterie-joaillerie, sont autant d’aspects de cette histoire. Au cours de ce long parcours à travers le temps, certains diamants, exceptionnels par leurs qualités, ont eu une véritable existence de star.

Extraits pour la plupart en Inde, au moins jusqu’en 1728, date à laquelle on découvrit des gisements au Brésil. Les diamants ont été particulièrement prisés par les cours européennes qui rivalisaient entre elles de luxe et de beauté surtout à partir de la Renaissance avec la mise au point par les lapidaires de techniques de taille.

Parmi les diamants historiques, citons le Régent, le Sancy, le Diamant bleu (le Hope), le Koh-i-Nor. Les deux diamants dont les péripéties sont étroitement liées à l’Histoire de France sont le Régent et le Sancy, actuellement conservés au Musée du Louvre, au Département des Objets d’art, dans la Galerie d’Apollon.

Le Régent, un diamant chargé d'histoire

Le Régent : 140,64 carats. L. : 3,05 cm. ; l. : 2,89 cm. ; Ép. : 2,03 cm.

Autant grâce à sa pureté que grâce à sa taille, le Régent est considéré comme l’un des plus beaux diamants du monde.

Cette pierre exceptionnelle de 426 carats fut découverte en Inde, dans la région de Golconde en 1698.

Puis quelques années après en 1702, Thomas Pitt, le gouverneur anglais du fort de Madras, fondé en 1654 par la Compagnie anglaise des Indes Orientales, acquit le diamant et le fit tailler en Angleterre entre 1704 et 1706 par le joaillier Harris, en un brillant carré. Par jalousie, des mauvaises langues tentèrent de détruire la réputation de Pitt en répandant la rumeur que ce dernier l’avait obtenu de façon malhonnête : il l’aurait fait « extraire violement de la jambe d’un esclave qui, l’ayant trouvé dans la mine, s’était creusé une plaie pour l’y cacher » !

Depuis le 6 juin 1717, le diamant « Pitt » appartient à la France, au Trésor de la Couronne. En effet, il fut acheté pour 135.000 livres par Philippe d’Orléans, neveu de Louis XIV et Régent du royaume pendant la minorité de Louis XV de 1715 à 1722. On l’appela le « Millionnaire » avant de le nommer le « Régent ». A la Révolution il valait 12.000.000 de livres !

Le sacre de Louis XV le 25 octobre 1722 en la cathédrale de Reims fut une belle occasion de placer cette précieuse gemme sur la couronne royale, et elle fut considérée définitivement comme le plus bel ornement des regalia. Le Régent fut remplacé par une copie en 1729 (de même toutes les pierres précieuses qui se trouvaient sur la couronne) et offert au Trésor de l’abbaye de Saint-Denis, venant ainsi enrichir la collection des Joyaux de la Couronne. Il dominait à nouveau la couronne de Louis XVI pour son sacre le 11 juin 1775.

Qu'est devenu ce diamant ?

Quant aux reines de France, elles le portèrent souvent dans leurs cheveux en diverses occasions.

Pendant la Révolution Française, en septembre 1792, le Régent disparut lors du fameux vol rocambolesque du Trésor de la Couronne conservé au Garde-Meuble du Roi (hôtel de la Marine place de la Concorde). Il fut heureusement retrouvé quelque temps après, mais ceci est une autre histoire…

La monarchie abolie, le Régent continua vaille que vaille à mettre en valeur la puissance des nouveaux dirigeants.

Le gouvernement, qui avait besoin de financer les guerres, en particulier la campagne d’Italie contre l’Autriche, le mit en gage en 1797. Puis il fut racheté cinq ans plus tard par Bonaparte, alors premier consul.

Le 2 décembre 1804, jour de son sacre, Napoléon 1er portait une épée sur la garde de laquelle était serti le Régent. Elle est ornée de 42 brillants et sa poignée est en jaspe et en or. Conservée au Château de Fontainebleau, cette épée fut créée en 1801 par le joaillier personnel de l’empereur, Nitot (fondateur de Chaumet), par l’orfèvre Odiot et par la manufacture d’armes de Versailles.

Le Régent orna pour la dernière fois une couronne royale, celle de Charles X  lors de son sacre à Reims en 1825.

Sous le Second Empire on n’oublia pas cette pierre fantastique et Napoléon III la porta, puis l'impératrice Eugénie l'a fit sertir sur le diadème grec de sa parure de diamants pour les bals aux Tuileries.

En 1887, il échappa à la scandaleuse vente aux enchères des Diamants de la Couronne par le III° République et entra définitivement dans les collections du musée du Louvre.

Références :

Musée du Louvre

Musée des familles, Lectures du soir, vol. 4, Paris, Ch. Delagrave, 1836.

E. Giard (Maurice), Les diamants célèbres, Millot et Cie, s.d.

Ania Guini-Skliar

Historienne d’Art

Le diamant bleu

L’histoire du diamant bleu ? Un parcours atypique qui nous entraine dans la spirale d’une véritable enquête policière à travers les siècles : découvertes en France et à l’étranger, malédictions, vols, métamorphoses, résurrection...

En 1668, Jean-Baptiste Tavernier (1605-1689), fils de cartographe, négociant et grand voyageur, rapporte de son sixième voyage en Orient une grande quantité de gemmes. En 1669 il vend au roi Louis XIV 1122 petits diamants et 45 autres d’une grosseur exceptionnelle. Le plus grand de tous, taillé en forme de cœur à la mode indienne, est de couleur bleue.

Le Diamant Bleu, appelé par Colbert le « Diamant Bleu de la Couronne de France », ou le « Bleu de France » (« French Blue ») ou encore le « Bleu de Tavernier », pèse à l’achat 115 carats. Il provient des mines du royaume de Golconde en Inde. Le diamant est confié à Jean Pittan, « diamantier du roi » qui met deux ans à élaborer une taille dite en « rose de Paris », un véritable chef d’œuvre à 72 facettes. Après sa taille, le Diamant Bleu pèse 69 carats.

Louis XIV et Louis XV le portent d’abord en pendentif, puis la gemme est montée sur l’insigne de la Toison d’Or commandé par Louis XV à Pierre-André Jacquemin (1720-1773) en 1749. Elle était placée en-dessous du Côte de Bretagne, un gros rubis balay (spinelle) de 107,88 carats, taillé en forme de dragon crachant des flammes serties de 84 diamants peints en rouge, et au-dessus de la dépouille de bélier sertie de 112 diamants peints en jaune.

Entre le 11 et le 16 septembre 1792, la Toison d’Or disparait lors du tristement célèbre vol des Joyaux de la Couronne au Garde-meuble du roi place de la Révolution (place de la Concorde). A partir du vol, on perd sa trace.

Le 19 septembre 1812, soit vingt ans après le cambriolage, un diamant de la même couleur apparait à Londres : le Hope. Rapidement, de forts soupçons pèsent sur cette gemme qui pourrait être le Diamant Bleu retaillé.

Mais pour avoir la certitude que les deux diamants n’en font qu’un seul, il faut attendre le XX°s. En décembre 2007, le modèle en plomb du diamant est retrouvé dans les collections minéralogiques du Museum d’Histoire Naturelle de Paris par François Farges, professeur de minéralogie. A partir de là, une enquête passionnante s’ouvre, de Paris à Golconde et de Londres à Washington. Farges acquiert la quasi certitude que le Diamant Bleu et le Hope conservé au Smithsonian Institute à Washington sont bien une seule et même gemme !

La fin de cette histoire - très récente, en 2010 !-, est émouvante : après de longs mois de labeur, le 30 juin 2010, François Farges, Scott Sucher, lapidaire et spécialiste mondial des copies des grands diamants historiques et Horovitz, joaillier suisse, présentent à l’Hôtel de la Marine (ex Garde-meuble) à l’endroit même où se perpétua le vol de 1792 la reconstitution à l’identique de la Toison d’Or dérobée pendant la Révolution, comportant le Diamant Bleu, le Côte de Bretagne et d’autres diamants célèbres.

Le Diamant Bleu fit l’objet de rumeurs plus farfelues les unes que les autres et de malédictions improbables qui fourniraient matière à quelques dizaines de romans ! On lui attribua de nombreux décès de personnages célèbres, morts après l’avoir porté : accidents violents voire inexplicables, maladies etc. Son histoire est une légende, une épopée aux multiples rebondissements, aux zones d’ombres et de lumières. Une histoire qu’on ne se lasse pas d’écouter.

- « Les six voyages de Jean-Baptiste Tavernier... qu'il a fait en Turquie, en Perse et aux Indes... » Édition : 1676 Paris G. Clouzier et C. Barbin.

- « À la poursuite du diamant bleu », documentaire de 90 minutes, 2010, Thierry Piantanida et Stéphane Bégoin, diffusé le 30 avril 2011 sur ARTE.

 Ania - Guini - Skliar

 Historienne d'Art

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